Écrit par Kurt Yeo

Après un tweet sondage Suite à une intervention de Michael qui a lancé un débat sur les avantages et les inconvénients des cigarettes électroniques jetables, Kurt Yeo, membre du conseil consultatif de WVA, affirme qu'il n'existe pas de réponse simple à la “ question du jetable ”.

(L'article de blog de Michael intitulé “ Vapes jetables – le bon, le mauvais et le truand ” est disponible ici ici)

D'abord, je déteste les cigarettes électroniques jetables ! Ma haine vient d'une seule chose : la mauvaise publicité que ces produits vont engendrer. On pourrait dire que je souffre du syndrome du “ militant pro-vapotage épuisé ”. On a déjà débattu de ce problème à maintes reprises, et l'idée d'une nouvelle polémique autour des batteries est insupportable. Je ne peux pas parler au nom de tous les militants pro-vapotage, mais je suppose qu'ils ressentent la même chose pour les mêmes raisons, au fond d'eux-mêmes. On nous a conditionnés à anticiper l'offensive, ce qui a ses avantages et ses inconvénients. Les avantages sont évidents, mais l'inconvénient, c'est que nous perdons notre capacité à accepter le changement et la disruption, ce dont nous reprochons justement à nos opposants à la lutte antitabac.

Après une réflexion plus approfondie durant les vacances de décembre, il apparaît que les produits jetables ont leur utilité et que c'est leur gestion qui devrait susciter des interrogations. Ils constituent toujours une alternative plus sûre pour les fumeurs. Les questions relatives aux jeunes, à l'impact environnemental et à la sécurité ont déjà été abordées dans l'article précédent, mais un point supplémentaire concernant les déchets s'impose : pensons au nombre de masques qui ont dû être jetés ces dernières années, sans parler de tous les autres dispositifs médicaux jetables utilisés pendant la pandémie. La fin justifie les moyens.

Deuxièmement, la praticité et le prix abordable facilitent l'expérimentation et, espérons-le, la transition pour les fumeurs. Sans parler de ceux qui trouvaient le vapotage trop contraignant et compliqué et qui ont repris la cigarette pour cette seule raison. J'en ai fait l'expérience en essayant d'aider un membre de ma famille à passer de 40 ans de tabagisme au vapotage. Après des années et plusieurs tentatives infructueuses, j'ai été surprise de la voir vapoter lors d'une réunion de famille. Outre ma joie de voir un proche arrêter de fumer, j'ai réalisé que mon aversion pour les cigarettes jetables avait retardé la transition. C'est une amie proche, qui avait elle aussi réussi à arrêter de fumer après quatre décennies, qui lui a fait découvrir les cigarettes jetables. La praticité a été l'élément décisif pour les deux femmes. J'ai surtout appris qu'il n'existe pas de solution miracle et que les chemins empruntés pour arrêter de fumer sont aussi divers que les fumeurs eux-mêmes. C'est un point essentiel du débat sur la réduction des risques et la santé publique : il faut s'adapter aux besoins de chacun.

Selon le point de vue adopté, je perçois désormais les cigarettes jetables différemment. Il s'agit d'une technologie et d'un secteur qui arrivent à maturité et se généralisent. Les fabricants sont arrivés à un stade où la constance prime sur l'innovation. Cette constance repose sur une gamme de produits homogènes, offrant systématiquement le résultat escompté avec très peu de variations matérielles. Ces fabricants atteindront un sommet, et je parierais sur un système de capsules préremplies rechargeables, qui deviendra la solution de référence pour la majeure partie du marché. Les coûts de production seront le moteur de cette évolution, car il est moins onéreux de fabriquer et de conditionner une capsule préremplie, dont le prix de vente sera similaire à celui d'un système jetable. Cela apportera une solution aux problèmes de gestion des déchets et de sécurité. L'industrie du tabac a déjà atteint ce stade.

Les militants du vapotage, comme moi, sont presque toujours des vapoteurs de la première heure, et l'idée de subir une nouvelle vague de critiques et de perdre leur solution de vapotage personnalisée est terrifiante. On a tendance à oublier que le vapotage a débuté avec des cartouches jetables. Avec le recul, on constate que l'innovation et les besoins des consommateurs nous ont permis de boucler la boucle. On se focalise souvent sur des points secondaires (bien qu'importants), ce qui fausse notre jugement et nous détourne de l'objectif principal : aider les fumeurs à arrêter et réduire les méfaits du tabagisme pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas le faire.

Kurt Yeo, cofondateur de Vaping Saved My Life, Afrique du Sud et membre du conseil consultatif de WVA.